Doctorant-e-s et jeunes docteur-e-s : face à la crise sanitaire, une année bis sans conditions !

Nous publions un communiqué du collectif des précaires de Nanterre qui demande une année bis pour les Doctorant-e-s et jeunes docteur-e-s, le renouvellement des ATER et le prolongement des contrats post-doctoraux car, pour de nombreuses personnes, les travaux scientifiques sont à l’arrêt ou, au mieux, extrêmement ralentis.

Depuis le début de la crise sanitaire mondiale due au COVID19, nos vies de doctorant-e-s et jeunes docteur-e-s non titulaires d’un poste statutaire sont bouleversées.

Depuis plusieurs semaines, nous sommes brutalement confronté-e-s à une série de difficultés et d’incertitudes dont l’impact sur nos travaux de recherche dépasse de loin la date d’un hypothétique « retour à la normale ». 

Alors que nous sommes confronté-e-s aux injonctions de soutenir nos thèses dans des délais de plus en plus brefs ; alors que, pour vivre de nos recherches et pour les financer, nous devons multiplier les dossiers de candidatures à des bourses, des postes d’ATER, des contrats post-doctoraux, des emplois de chercheur-se-s titulaires de plus en plus rares ; nos travaux scientifiques sont à l’arrêt ou, au mieux, extrêmement ralentis. Ils sont interrompus par la fermeture des bibliothèques et des laboratoires, nous privant de ressources et de lieux de travail indispensables. Ils sont interrompus par la fermeture des centres d’archives et l’impossibilité de nous rendre sur nos terrains de recherche, souvent eux-mêmes inaccessibles pendant un temps encore indéterminé. Ils sont interrompus par l’annulation des manifestations scientifiques, nous permettant d’ordinaire de présenter et de discuter nos recherches, jalons essentiels dans l’avancement d’une thèse. Ils sont interrompus par le gel de la procédure de dépôt de thèse, renvoyant les soutenances à des dates inconnues. Sans compter le stress engendré par l’épidémie, ils sont aussi interrompus par des impératifs personnels comme la garde d’enfants ou la maladie. Pour celles et ceux d’entre nous qui ne bénéficient d’aucun financement, c’est parfois l’assèchement partiel ou total des ressources économiques qui vient aggraver, souvent dramatiquement, cette situation. Enfin, nous devons prendre notre part dans la « continuité pédagogique » et faire face au surcroît de travail qu’elle peut engendrer. Cette part reflète la place que nous occupons, toute l’année, dans la mise en œuvre des enseignements et l’accompagnement des étudiant-e-s.

Tous ces problèmes renvoient aux semaines et aux mois à venir une charge de travail accumulée, dont il nous sera impossible de faire l’économie, et ce dans des conditions fortement dégradées. Les universités ne rouvriront qu’en septembre. Quant aux dates de soutenance des thèses, de retour sur nos terrains de recherche ou de réouverture des centres d’archives et des bibliothèques, elles sont pour l’heure inconnues. C’est en cela que l’impact de la crise du COVID19 sur nos travaux scientifiques ne se limitera pas aux quelques semaines de confinement. 

La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, a affirmé prendre la mesure de l’urgence, autorisant la prolongation des thèses, des contrats doctoraux et CDD de recherche. Elle a ajouté à l’Assemblée Nationale, le 29 avril 2020, que cette autorisation s’accompagnerait d’un financement du ministère. Nous, doctorant-e-s et jeunes docteur-e-s non titulaires, prenons acte de ces annonces mais attendons à présent une série de clarifications.  

Nous demandons à connaître les conditions concrètes de mise en oeuvre des mesures annoncées. Seront-elles pilotées par le ministère ? L’université ? Les écoles doctorales ? Feront-elles l’objet d’un financement à la hauteur de l’urgence ? Dans quels délais seront-elles effectives ? Quelle sera la durée des prolongations accordées ?

Face à l’urgence de la situation, le CECPN revendique une « année bis », dès septembre 2020, pour tou-te-s celles et ceux d’entre nous, doctorant-e-s ou jeunes docteur-e-sdes universités françaises, qui en feront la demande. 

Pourquoi une année bis ? 

Parce que l’impact de la crise sanitaire sur la conduite de nos thèses et de nos travaux post-doctoraux, incalculable à ce jour, dépasse de toute façon, et de très loin, la seule durée du confinement. 

Parce qu’un prolongement inférieur à un an n’aurait aucun sens et aucun intérêt pour de nombreux-ses doctorant-e-s, qui n’ont que faire d’une rallonge financière de quelques mois (non cumulable, par exemple, avec un poste d’ATER). Parce qu’une réinscription vaut pour une année. 

Parce que nous refusons la différenciation systématique de nos situations et que nous exigeons le minimum acceptable pour tou-te-s.

Cette mesure se décline en cinq points :

  • La prolongation d’un an de la durée de la thèse.
  • La réinscription sans frais de l’ensemble des doctorant-e-s et sans conditionnement à la tenue effective des comités de suivi.
  • La prolongation d’un an de tous les contrats doctoraux, sans préjudice pour les contrats doctoraux futurs, par le biais d’un financement exceptionnel.
  • Le renouvellement des contrats d’ATER, au-delà des 2 ou 4 années prévues statutairement.
  • La prolongation des contrats post-doctoraux.

Le CECPN appelle également l’ensemble des instances décisionnaires de l’université à fournir à tou-te-s les doctorant-e-s les informations nécessaires pour qu’ils et elles puissent constituer leur dossier de demande de prolongation de leurs contrats de recherche sans plus tarder. A l’heure actuelle, nous constatons que les procédures d’attribution des postes d’ATER suivent leur cours habituel, sans aucune prise en compte des annonces faites par la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Nous demandons solennellement que les déclarations ministérielles ne restent pas lettre-morte et qu’elles soient maintenant suivies d’effets.

Le CECPN appelle les doctorant-e-s et jeunes docteur-e-s à faire de ces revendications les leurs, et à les porter dans leurs collectifs de travail, laboratoires, écoles doctorales, associations savantes, à Nanterre et ailleurs. N’hésitez pas à prendre contact avec nous en écrivant à precaires.upn@protonmail.comNous soutiendrons et accompagnerons toutes les démarches collectives et individuelles visant à l’application pleine et entière des mesures annoncées.

Contre la précarité universitaire

Nous sommes le grand nombre !

Le Collectif des Enseignant·e·s et Chercheur·se·s Précaires de Nanterre