Bordeaux : Refusons les examens en ligne !

Les évaluations en ligne révèlent les profondes inégalités dans l’accès des étudiant.e.s aux moyens technologiques et font risquer une généralisation du virage numérique qui fragilise la mission de service public de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Elles présupposent que tou.te.s les enseignant.e.s sont logé.e.s à la même enseigne concernant la préparation des cours et l’évaluation. Elles mettent à mal les règles censées assurer, en temps normal, des conditions d’examen propices à la réflexion et équitables (temps et conditions de composition identiques, anonymat, etc.). Le temps normal est en effet révolu ; et ce sont les étudiant.e.s qui sont touché.e.s de plein fouet. Dans les circonstances exceptionnelles où des personnes sont actuellement confrontées à des urgences vitales, le recours à des examens en ligne témoigne d’un pur et simple déni de la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons tout.e.s impliqué.es. Déni des évidentes inégalités d’accès aux outils numériques parmi les étudiant.e.s ; déni des inégalités des conditions de confinement. Nombre d’étudiant.e.s, on le sait, se trouvent dans des situations d’extrême précarité économique et d’isolement psychologique. Certain.e.s ont faim. D’autres doivent s’occuper de proches malades, ou venir en aide aux soignant.e.s qu’elles et ils connaissent, ou encore à tout.e.s celles et ceux qui doivent continuer à travailler, par exemple en assurant la garde des enfants. Puisqu’il faut le rappeler, enfin, martelons-le : tou.te.s sont susceptibles, à plus ou moins brève échéance, de tomber malades, d’être hospitalisé.e.s. Dans de telles conditions, comment prétendre qu’une quelconque équité est à l’œuvre dans l’évaluation au « mérite » ? Il ne peut s’agir que d’une totale ignorance des conditions effectives de vie des étudiant.e.s, ou d’un mépris, lui aussi total, des vies en jeu. Cette ignorance et ce mépris, assumés par des enseignant.e.s chercheur.se.s et des présidences passionnément attaché.e.s aux notes, nous les condamnons tous deux.

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